RUBRIQUE SANTÉ / Lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants : sortons du déni collectif

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Chaque année, près de 160.000 enfants en France subissent des violences sexuelles, un chiffre inquiétant qui met en évidence la nécessité de traiter cette question non plus comme une série d’expériences individuelles, mais comme un problème collectif et public.

Le gouvernement veut sensibiliser : la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE) a rendu son rapport le 20 novembre dernier mais risque d’être clôturée alors que les résultats sont alarmants. Un paradoxe sur lequel nous pouvons encore agir.

Créée le 23 janvier 2021, la CIIVISE a recueilli près de 27.000 témoignages de victimes, mettant en lumière l’ampleur de ce problème. La commission a rendu son rapport ce 20 novembre 2023, avec l’espoir que ses conclusions inciteront à des actions concrètes.Car Les chiffres sont accablants, tant par leur nombre que par leur gravité. Selon une enquête de l’INSERM, environ 5,5 millions de femmes et d’hommes en France ont été victimes de violences sexuelles pendant leur enfance. Cela signifie qu’un adulte sur 10 est concerné. En septembre 2023, le gouvernement français lançait une vaste campagne pour sensibiliser la population à l’ampleur de l’inceste. Dans le même temps, la CIIVISE était sur le point d’être clôturée fin 2023, ce qui soulève des inquiétudes quant à l’avenir de la lutte contre ces crimes dévastateurs pour la santé des enfants victimes.

 

Un adulte sur dix. Trois enfants par classe.

Il est crucial de noter que les enfants en situation de handicap sont encore plus vulnérables, avec un risque 2,9 fois plus élevé d’être victime de violences sexuelles. Les enfants atteints de maladies mentales ou de déficience intellectuelle sont encore plus exposés, avec un risque 4,6 fois plus élevé (OMS, 2012). Cette sur-représentation des victimes handicapées est renforcée par le silence qui entoure ces abus. Les statistiques révèlent un tableau alarmant de l’inceste en France. Sur dix victimes, neuf sont des femmes, mettant en évidence le fait que les femmes sont disproportionnellement touchées par ces violences. De plus, huit victimes sur dix sont des victimes d’inceste, une réalité déchirante qui touche profondément la structure familiale.

Sept victimes d’inceste sur dix ont subi ces violences de manière répétée, ajoutant un fardeau psychologique considérable à leur traumatisme initial. Pour près d’une victime d’inceste sur trois, l’agresseur est le père, une révélation qui souligne la nécessité de briser le tabou de l’inceste au sein des familles. Ces statistiques poignantes rendent impérative l’action collective pour protéger les enfants et mettre fin à cette tragédie silencieuse.

 

Quelles conséquences sur les adultes en devenir?

Les conséquences des viols et des agressions sexuelles sur les enfants sont profondes et durables, affectant leur bien-être et leur développement tout au long de leur vie. La nécessité d’une action immédiate et efficace pour protéger les enfants est indéniable. Ces agressions ont des conséquences psychologiques et physiques multiples et profondes qui peuvent durer la vie entière. Tous les témoignages reçus par la commission l’illustrent.

 

Comment faire pour agir ?

La CIIVISE a élaboré une stratégie de protection fondée sur quatre axes essentiels : le repérage des enfants victimes, le traitement judiciaire des violences sexuelles, la réparation et la prévention de ces abus. Après un an de travail, elle a formulé vingt premières recommandations pour mieux protéger les enfants, en mettant l’accent sur le rôle crucial des pouvoirs publics et des professionnels. Sans le soutien des infirmières, des médecins, des assistants sociaux, des magistrats, des policiers et des gendarmes en nombre suffisant, la chaîne de protection est brisée. La formation des professionnels et la protection de leur bien-être sont des aspects tout aussi importants de cette lutte.

Il est essentiel que tous les professionnels, quel que soit leur domaine, puissent repérer les enfants victimes et les aider à se mettre en sécurité, sans confusion des rôles. Le traitement judiciaire des violences sexuelles, la réparation par le soin et l’indemnisation, ainsi que la prévention de ces abus, doivent être au cœur de notre réponse collective. Cette stratégie de protection repose sur l’action des pouvoirs publics et l’engagement de tou.te.s les professionnel.le.s. Il est temps de prendre conscience de l’ampleur du problème de l’inceste en France, de briser le silence qui l’entoure, et d’agir pour protéger nos enfants. Les chiffres sont là, et il est impératif de faire de la prévention et de la protection des victimes une priorité nationale.

 

Fermer la CIIVISE : un non-sens

Après un tel travail et des telles observations, clôturer la CIIVISE aurait été une aberration et le gouvernement l’a bien compris. Ce dernier a décidé le 11 décembre dernier de maintenir la Ciivise, commission notamment chargée de lutter contre l’inceste, mais d’en écarter celui qui la présidait jusqu’alors, le juge Edouard Durand, pourtant plébiscité par les associations. Elle est désormais présidée par Sébastien Boueilh, ex-rugbyman et fondateur de l’association «Colosse aux pieds d’argile», qui lutte contre les violences sexuelles dans le milieu sportif.

Néanmoins, les moyens et investissements devraient être décuplés et étendus à tous les territoires du pays de façon systématique pour protéger les enfants et la jeunesse.

La protection des enfants n’attend pas. Prenons soin d’eux, repérons-les. _FS

 

Si vous êtes ou avait été victime, prenez la parole :

0 800 100 811 depuis les Outre-mer, gratuit et anonyme.

www.temoignages.ciivise.fr

Association locale France Victimes 978 Saint-Martin en aide aux victimes : 0690 37 84 01 francevictimes978@gmail.com

Pour consulter le rapport de Ciivise : https://t.ly/qJL-F

La synthèse du rapport :

https://t.ly/5DVVJ

 1,325 vues totales

Source :

Faxinfo : https://www.faxinfo.fr/

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