Enfermés à l’air libre, le combat des gens de la rue

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Avec le confinement, la situation des personnes sans abri ne s’est pas vraiment améliorée. Entre petits jobs et aide des associations, chacun vit ou survit à sa manière. Pour nous, ils témoignent.

Pendant les mois de mars et avril, si les rues de Saint-Martin semblaient vides en raison du confinement, elles ne l’étaient pas totalement. Quelques habitants n’ont pas pu se confiner malgré l’obligation gouvernementale. «On nous a laissés dehors, on était confinés dans la rue», racontent Dimitri et Stéphane. Sans domicile, ils n’ont eu d’autre choix que de poursuivre leur quotidien en extérieur pour survivre. Mais dans des conditions encore moins évidentes qu’auparavant. «Avant je faisais des petits jobs à droite à gauche : je portais des frigos, je faisais un peu de couverture car c’est mon métier…», raconte Dimitri, à la rue depuis deux ans. «Mais depuis le confinement, il n’y a plus de travail. Avant je m’occupais des stands sur le marché mais comme il n’y a plus de touristes, il n’y a plus de marché. Maintenant je suis obligé de faire la manche pour manger. Mais les gens ont moins de travail donc moins d’argent à donner. Et puis faire la manche c’est difficile, tu dois ravaler ta fierté». Christian, sans domicile depuis maintenant 3 ans, le rejoint sur ce point : «la manche c’est pas pour moi», nous confie-t-il. Alors il vit uniquement de petits boulots, et des aides associatives : «grâce aux différentes distributions alimentaires, je mange du lundi au dimanche. Heureusement que les associations sont là», reconnaît-il. «Il ne faut pas se plaindre. J’en ai eu des galères dans la rue mais je suis quand même là», nous explique-t-il. «Je suis bien ici. On n’a pas à se plaindre par rapport à la métropole». Pour Stéphane, à la rue depuis le mois de février, «c’est chacun pour soi» mais «il y a du boulot, il faut juste chercher».

  Difficultés pour trouver du travail

En effet, les besoins dans le domaine du BTP sont par exemple nombreux. «Plein de gens veulent m’embaucher car ils savent que je suis un bosseur», raconte Dimitri. Mais travailler lorsque l’on vit dans la rue est parfois compliqué. «Je travaillais pour l’ACED mais je n’ai pas pu continuer car j’étais trop fatigué. Je commençais à 7h du matin et quand tu ne dors pas la nuit car tu dois toujours être en alerte, tu ne peux pas tenir très longtemps». Les formalités matérielles et administratives sont un autre frein récurrent. «On vient de nous proposer de refaire un toit au black mais on ne peut pas le faire car on n’a pas de chaussures de sécurité», nous explique Stéphane un matin, accompagné de Dimitri. «On te propose du travail mais on ne te donne pas les moyens de le faire», regrette ce dernier. Et sans papiers d’identité, le jeune homme ne peut décrocher de contrat officiel. «J’ai mis deux ans à avoir une adresse, maintenant je peux enfin faire les démarches pour avoir une carte d’identité», raconte-t-il. S’il fait le maximum pour s’en sortir, les coups durs sont fréquents. «Je me fous dans l’alcool pour arrêter de penser. La Croix-Rouge m’aide beaucoup mais ce n’est pas assez. Je n’en peux plus, je veux juste me sortir de la rue».

 

 

Le point d’accueil Croix-Rouge repart sur de bonnes bases

Le 6 mai dernier, un incendie accidentel ravageait les locaux de l’accueil de jour de la Croix-Rouge, à Concordia. Meubles calcinés, murs noircis, vaisselle fondue… tout le travail de rénovation effectué il y a moins d’un an est parti en fumée. Pendant trois mois, la maison Croix-Rouge n’a pu accueillir aucun bénéficiaire. «Cela commençait à bien fonctionner, et tout a été stoppé net», regrette Ketty Karam-Fischer, présidente de la délégation territoriale. Après trois mois de travaux, le lieu a rouvert ses portes le 3 juillet et les personnes dans le besoin viennent à nouveau boire un café, trouver une oreille attentive ou prendre une douche rafraîchissante. Depuis décembre 2019, le nombre de passages au point d’accueil de jour est monté crescendo, hormis en mars en raison du confinement, pour atteindre un pic en avril avec 391 passages dans le mois. En ce moment, en raison des mesures sanitaires à respecter, les bénéficiaires entrent un par un récupérer leur petit encas. Mais se retrouvent devant l’entrée de la maison pour discuter autour d’un café. Ouvert tous les lundis, mercredis et samedis de 16h30 à 19h30.

(www.lepelican-journal.com)

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