MICRO-TROTTOIR « 5 années se sont écoulées depuis le passage de l’ouragan Irma, comment avez-vous vécu cette date anniversaire ? »

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« C’est un sujet encore terriblement sensible, les souvenirs restent traumatisants, même après 5 ans. Malgré les prévisions et les recommandations, personne ne s’attendait à une telle violence des éléments. Cette catastrophe naturelle nous a marqués à tout jamais, mais elle nous a aussi permis de faire preuve d’une grande solidarité entre nous, les habitants de Saint-Martin. Je me souviens bien sûr des débordements, des pillages par exemple, mais j’y ai vu aussi tellement d’aide, de force et de courage de la part de proches et d’inconnus. Au lendemain du passage de l’ouragan, je retiens qu’on s’est serré les coudes, aidé mutuellement, à survivre, à reconstruire et à garder le moral quand le désespoir régnait. Je n’oublierai jamais cette nuit-là mais je n’oublierai pas non plus les jours qui ont suivi et où la vie a repris ses droits. »   Séverine

 

 

« Je m’en souviens comme si c’était hier, j’entends encore les bourrasques de vent, les bruits de tôles qui volent et les cris des gens. On ne peut pas imaginer ce que c’est si on ne l’a pas vécu. Le cyclone Irma a ravagé notre île, ma famille et moi avons tout perdu, c’est grâce à l’aide de nos voisins qui nous ont accueillis dans leur logement plus sûr que nous avons survécu. Notre maison a été détruite par l’ouragan, la voiture aussi, plus rien n’était récupérable, tout a été balayé par les vents, ravagé par les trombes d’eau. Petit à petit, on s’est relevés et on a reconstruit. Saint-Martin porte encore les cicatrices du passage de l’ouragan, parfois je me dis que c’est triste de donner cette image-là et parfois je me dis que c’est une bonne chose, pour que les étrangers qui viennent sur notre île n’oublient pas à quel point la vie est précieuse. Nous, on n’oubliera jamais. »   Jojo

 

« Je viens en vacances à Saint-Martin depuis tellement d’années, j’ai connu l’île avant la passage de l’ouragan Luis, j’ai vu Saint-Martin renaître une fois. Je n’étais pas présent sur le territoire lorsqu’Irma a frappé, avec la violence qu’on connait. Je suis revenu sur l’île quelques jours après, dès que j’étais en capacité d’y venir, parce que j’étais profondément touché par ce qui s’était passé, certains quartiers étaient tout simplement dévastés, des blocs de maisons rayés de la carte, je voulais contribuer à ma manière à la reconstruction de cet endroit si cher à mon cœur. Aujourd’hui, plusieurs stigmates demeurent même si le gros du travail de reconstruction a été effectué. 5 ans après, l’évocation de ce drame me donne encore la chair de poule. Les catastrophes naturelles peuvent révéler le pire chez l’être humain mais aussi le meilleur, l’élan de solidarité fut incroyable. La population de Saint-Martin est dotée d’une force mentale indescriptible. »   Tony

 

« On en parle peu entre nous, dans ma famille, avec les amis, parce que c’est encore pénible de se replonger dans cette nuit-là. Je me souviens avoir eu peur, vraiment peur. Même si nous étions à l’abri et que nous étions préparés, la nuit m’a semblé interminable. C’était il y a 5 ans mais c’est encore frais dans ma tête. Ma mère refuse d’en parler sinon elle se met à pleurer, notre maison n’a pas trop souffert, on a été chanceux si je compare à d’autres dans le quartier qui ont tout perdu. On a accueilli beaucoup de personnes à la maison, ça a créé des liens qui sont restés forts, encore aujourd’hui. J’ai l’impression que les gens oublient vite, il ne faut pas oublier. »   Mickey

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