L’urbanisation des plages influence l’impact des cyclones

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Dans quelle mesure l’urbanisation a-t-elle influencé l’impact d’Irma sur les systèmes côtiers ? C’est à cette question que les chercheurs en géomorphologie Virginie Duvat, Valentin Pillet et Natacha Volto, du laboratoire LIENSs de l’Université de La Rochelle- CNRS, accompagnés de Yann Krien, Raphaël Cécé et Didier Bernard de l’Université des Antilles sur le volet climat, se sont attachés à répondre dans l’article intitulé High human influence on beach response to tropical cyclones in small islands: Saint-Martin Island, Lesser Antilles.

Publié en septembre 2018, cet article de géomorphologie analyse les données issues de l’analyse d’images satellites et des relevés de terrain effectués fin octobre 2017 sur 33 des 36 plages de l’île. Moins les systèmes côtiers étaient aménagés, plus ils ont joué un rôle de tampon contre la houle cyclonique, et donc limité la profondeur de la submersion marine à l’intérieur de l’île. La profondeur de submersion dépend de la dimension du système naturel (plage et arrière-plage) et de son taux de recouvrement en végétation indigène (raisiniers, etc.). Si la première ligne de végétation située au plus près de la mer (dans les 15 à 25 premiers mètres) a généralement été rasée par la houle, la deuxième, à l’arrière de la plage, là où elle constituait un réseau dense de troncs, branches et racines, a pu résister et capturer les sédiments apportés par les vagues. Dans ce cas là, le cyclone n’a pas été que destructeur, car cette deuxième ligne de végétation, nourrie du sable et des débris coralliens, a pu gagner en altitude, comme à Petites Cayes par exemple. Dans ce cas, les systèmes côtiers se sont ainsi renforcés, et ils constituent désormais un rempart encore plus efficace contre la mer.

En revanche, là où l’homme a modifié le système côtier en défrichant la végétation naturelle pour planter des cocotiers, les vagues cycloniques ont pénétré profondément dans les terres, creusant de larges tranchées et apportant d’importants dépôts de sable qui ont posé problème aux riverains, comme dans la baie Orientale ou dans la baie Lucas.

Lorsque le trait de côte a été rigidifié par des cordons d’enrochement ou des murs, l’impact cyclonique a été inégal. Soit ces ouvrages ont tenu et le trait de côte est resté stable, comme dans la baie de Marigot, Soit ils ont été détruits par les vagues, comme à l’extrémité de la Baie rouge par exemple.

En résumé, lorsque le système côtier est resté à l’état naturel, il a amorti les vagues cycloniques et même, dans un certain nombre de cas, gagné en altitude. Tandis que là où il a été modifié par l’homme (bâtiments, cordons d’enrochement), même lorsqu’il a résisté à la houle cyclonique, il a diminué de volume. Vidées de leur sable emporté par les vagues, les plages disparaissent petit à petit.

(Plus de détails sur www.soualigapost.com)

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