Les premiers résultats d’un essai clinique montrent que le médicament « tocilizumab » serait efficace pour les patients graves

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Les premiers résultats d’un essai clinique mené sur 129 patients atteints d’une forme moyenne ou grave de Covid-19 montrent que ce médicament permet de limiter le risque d’entrée en réanimation ou de décès, indique l’Assistance publique-hôpitaux de Paris.

Une première bonne nouvelle sur le front de la recherche ? Alors que les essais cliniques se sont multipliés en France et dans le monde en quelques semaines, l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a décidé de rendre publics les résultats préliminaires d’une étude, qui n’est pas encore publiée et qui mérite encore quelques approfondissements. Mais ces premières conclusions montrent une efficacité d’un médicament, nommé tocilizumab (Actemra ou RoActemra), pour éviter une réaction exagérée du système immunitaire chez certains patients graves du Covid-19.

Qu’est-ce que le tocilizumab ?

C’est une molécule que l’on retrouve dans des médicaments qui servent depuis 2010 à traiter 10 000 des 200 000 personnes en France souffrant de polyarthrite rhumatoïde. Elle leur est injectée afin de bloquer une protéine, l’interleukine-6, qui est responsable de l’inflammation qui cause leurs symptômes. Or, dans 5 à 10 % des cas, le coronavirus peut engendrer une « hyperréaction inflammatoire », explique le professeur Olivier Hermine, hématologue à l’hôpital Necker à Paris. Cette tempête immunitaire, appelée « orage cytokinique », est suspectée de créer des insuffisances respiratoires sévères pouvant conduire au décès du malade. D’où l’idée des blouses blanches de tester ce médicament.

A qui a-t-il été donné ?

En un mois, 129 patients sont entrés dans l’essai clinique baptisé Corimuno-Toci. 65 ont reçu du tocilizumab ; 64 le seul traitement habituel (oxygène, antibiotiques). « Nous l’avons donné aux personnes avec une forme sévère de l’infection, c’est-à-dire hospitalisées et déjà sous oxygène mais qui ne nécessitaient pas de réanimation au moment de leur admission », décrypte l’immunologiste Xavier Mariette.

Avec quels résultats ?

Même le prudent professeur d’infectiologie Yazdan Yazdanpanah le répète : « avec succès ! » « On a diminué de manière significative le nombre de patients devant aller en réanimation et le nombre de patients décédés, complète Olivier Hermine. C’est très positif. » Oui, mais à quel point ? Mystère. Les résultats complets de l’essai n’ont pas été détaillés par l’AP-HP, en attente de sa publication dans une revue scientifique. Communiquer sans avoir l’ensemble des données, une pratique inhabituelle que Martin Hirsch justifie par l’urgence de la pandémie : « Il nous a semblé éthique de partager ces premières informations. » Même incomplètes.

Y a-t-il eu des effets secondaires ?

Les premières études n’en notent pas de notables mais le tocilizumab n’est pas exempt de risque : il peut augmenter le risque d’infection bactérienne ou encore de problème hépatiques. Dans tous les cas, il ne faut pas en prendre en automédication.

Faut-il crier victoire ?

Non, même si les médecins de l’AP-HP qualifient ce premier essai contrôlé de « prometteur » et notent qu’il est porteur d’espoir. Même constat à l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine), où 30 patients de moins de 80 ans ont reçu la molécule, avec une « nette réduction » du recours à la ventilation mécanique et un taux de survie plus élevé. Des résultats qu’il faudra analyser et confirmer, y compris grâce au suivi à long terme des patients. Mais déjà, partout dans le monde, des équipes y travaillent.

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