Education / Et ça continue…

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Hier matin, le mouvement continuait au LPO des îles du Nord. Rendez-vous était donné à 6h30 pour un sitting devant les portes de l’établissement qui fait parti des plus touchés par Irma. 

Une fois de plus, beaucoup ont répondu présents. Evidemment, on y croisait des visages désormais familiers mais il y avait des petits nouveaux. Tout le monde ne peut pas être là tous les jours, alors on tourne. Le collectif mené par l’association de parents d’élèves UPESM, a décidé de bloquer un nouvel établissement chaque jour. Et à chaque rencontre avec de nouveaux parents, professeurs et élèves, on explique les motivations du groupe. Hier matin, devant le LPO, certains membres du collectif étaient particulièrement remontés après les propos qu’aurait tenu un des élus de la Collectivité au micro d’une radio locale. Au détour d’un groupe de lycéens, Dominique Louisy, enseignante au LPO et déléguée syndicale, « On ne peut pas aller à la radio pour dire que les gens qui forment le collectif ne sont pas saint martinois. Quand on se permet d’appeler à la haine, ça ne passe pas, nous pensons à porter plainte ». Les propos agacent d’autant plus que ce ne serait pas la première fois, un autre élu aurait tenu des propos similaires après la marche en noir à Grand-Case. Et un membre du collectif d’enchérir, « Comme s’il fallait être saint martinois « de souche » pour se soucier du bien-être de son enfant.

Comme s’il fallait avoir des enfants soi-même pour se soucier du bien-être des enfants ».

Et puis, il faut bien avouer que l’attitude des élèves commence à évoluer. Le collectif dégage les portes à 8h du matin comme prévu, les parents d’élèves ne bloquent plus les portes.

« Madame, tout est défectueux pour nous. A l’administration, ils ont des clim neuves et des meubles propres et ils nous demandent de travailler dans la merde, pardon si c’est malpoli. Même le terrain de sport est envahi d’eau, la salle de permanence c’est les escaliers… » G. Elève de première

Pourtant, les élèves ne tentent pas d’entrer, ils restent massés à l’extérieur. Des conversations ici et là ne laissent aucun doute quant à leur état d’esprit. Quand on leur demande ce qu’ils souhaitent, les réponses fusent, impossible de toutes les noter, ni même de toutes les entendre tant les doléances sont nombreuses. Ce sont des adolescents, tout y passe, une partie des demandes semblent ubuesques et pourtant elles sont réelles. On n’imagine pas qu’il puisse être nécessaire de demander des portes aux toilettes ou du papier toilette… Pour certains, c’est la première fois de leur vie qu’ils envisagent la grève, « Ca ne se fait pas ici mais on en a marre, madame ! ». Pêle-mêle les élèves nous parlent du nettoyage des salles, de la chaleur pendant les cours, de la salle de permanence sans toit, de la salle de permanence de fortune dans les escaliers de l’établissement, des deux bancs dans la cours pour l’ensemble des élèves, des ateliers de cuisine et du restaurant, bien sûr, du manque d’abris en cas de pluie, du manque de matériel informatique, des clim qui fument…

Il faut bien avouer qu’il est vraiment difficile de ne pas s’emballer avec eux tant les difficultés qu’ils rencontrent semblent  nombreuses. Et pourtant, à la question que voulez-vous maintenant ? Une réponse tellement simple, « on veut faire l’école normalement, madame» qu’on se demande pourquoi ils sont obligés de le demander. L’école normalement… C’est bien tout ce qu’on leur souhaite, que les adultes responsables qui forment la communauté arrivent à s’asseoir autours d’une table et à replacer les priorités là où elles doivent être. _NB

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