Décryptage // Chambres d’hôtel vs locations saisonnières : quel hébergement rapporte le plus ?

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Depuis des années, les élus qui se succèdent ont l’ambition d’attirer des investisseurs dans l’hôtellerie. Ils veulent voir de nouveaux établissements ouvrir en partie française et le nombre de chambres croître de nouveau, du moins flirter avec le niveau des années 1990. Ils estiment la capacité hôtelière actuelle, de l’ordre de 1 600 chambres, nettement trop basse pour permettre une reprise du tourisme. Toutefois, ils oublient de prendre en compte la location saisonnière qui est un mode d’hébergement dont le poids économique n’est pas négligeable.

• Contexte

Avec les dispositifs de défiscalisation, des hôtels de grande capacité (plusieurs centaines de chambres) ont été construits. En 1996, la partie française comptait ainsi 3 170 chambres *. Mais des gros établissements (hôtel Mont Vernon, Nettle Bay beach club, Le Flamboyant, la Belle Créole) ont fermé principalement en raisonde la conjoncture économique et la plupart ont été transformés en logements privés, lesquels sont occupés soit par des résidents à l’année, soit par des touristes (location saisonnière).

En 2016, la capacité hôtelière n’est plus que de 1 600 chambres*. Sans compter les quelque 150 villas de luxe et 150 standard*. Mais il ne s’agit pas de la capacité totale d’hébergement de la partie française.

• La réalité en termes de nombre de chambres

En effet, outre l’hôtel, la location saisonnière est aujourd’hui un mode d’hébergement important et prisé, conséquence directe de la fermeture d’hôtels.

Toutefois, elle n’est représentée par aucune instance ou association et l’office de tourisme et la Collectivité n’ont réalisé aucun recensement ; les seules données officielles étant le nombre de guest houses référencées, soit 45.

Pour avoir une idée du nombre de locations, nous avons consulté les trois principales plateformes internet de réservation, TripAdvisor, Homeaway-Abritel et Airbnb. Sur la première, 580 locations sont proposées en partie française (dont quasiment 200 aux Terres Basses), sur la deuxième quelque 600 sans compter les villas des Terres Basses et Baie rouge (300) et 300 sur la dernière.

On peut concevoir que le nombre moyen de locations est de 520 sur la partie française auquel il faut ajouter les villas de luxe.

Sur les 520 locations, on peut supposer que la moitié présente une capacité d’hébergement d’une chambre et l’autre moitié d’au moins 2 chambres, le nombre de chambres disponibles en location saisonnière est donc de 780.

Si on l’ajoute aux 1 600 chambres d’hôtels, la capacité d’hébergement est aujourd’hui de 2 380 chambres, sans compter les 150 villas de luxe proposant un minimum de trois chambres. Comparée à 1996, la capacité est inférieure de 790 chambres.

Si on raisonne en hébergement (location + chambre d’hôtel), la capacité est de 2 120, soit une capacité inférieure de 33 % à celle de 1996.

• Les conséquences en termes d’emploi

L’une des premières conséquences est liée à l’emploi. Le ratio moyen étant un emploi pour quatre chambres dans un hôtel deux étoiles et un emploi pour deux chambres dans un hôtel de trois étoiles, la perte réelle du nombre de chambres étant de 790, si l’on considère la moitié en deux étoiles et l’autre en trois étoiles, le nombre d’emplois directs supprimés est de 300.

Cependant, la transformation des établissements hôteliers en appartements privés a permis d’augmenter le parc de logements ; les appartements non loués aux touristes l’étant à des résidents.

• Les conséquences en termes de recettes fiscales

Essayons d’apprécier si la perte du nombre de chambres a impacté les recettes fiscales de la COM, du moins le produit de la taxe de séjour.

En sachant que le taux est de 4 % et que le taux de remplissage moyen des hôtels est de 60 %*, soit 220 nuits par an, un taux de remplissage que nous appliquerons aussi aux locations saisonnières.

• Hôtels

Considérons deux prix moyens hors taxe par nuit, 100 euros pour 50 % des chambres et 250 euros pour l’autre moitié.

– Si la capacité hôtelière de 1996 était maintenue, le produit de la taxe de séjour serait de 4,9 millions d’euros par an (1,4 million pour les chambres à 100 euros et 3,5 pour les chambres à 250 euros).

– Aujourd’hui, les 1 600 chambres rapportent 2,46 millions de taxe de séjour (0,7 M pour les chambres à 100 euros et 1,76 million pour les chambres à 250 euros), soit 1 540 euros par chambre.

– La différence entre les recettes potentielles de 1996 et celles d’aujourd’hui est de 2,44 millions d’euros.

• Locations saisonnières

Considérons deux prix moyens hors taxe par nuit, 150 euros pour les locations d’une chambre (50 % des locations) et 350 euros pour les locations de deux chambres.

Les 520 locations saisonnières doivent rapporter 1,14 million euros de taxe de séjour (345 000 + 800 800), soit 2 190 euros par location.

• Hôtels + locations saisonnières

Le produit de la taxe de séjour devrait s’élever aujourd’hui à 3,6 millions d’euros (sans compter les villas de luxe), soit 26,5 % de recettes de moins si la capacité de 1996 était maintenue et pour une capacité en termes d’hébergements inférieure de 33 %.

Aujourd’hui, un hébergement (chambre d’hôtel ou location) génère en moyenne 1 700 euros de taxe de séjour. Comparativement, en 1996 avec une taxation similaire, une chambre d’hôtel aurait généré 1 545 euros.

  Comparaison du chiffre d’affaires généré selon le mode d’hébergement

Si l’on reprend les mêmes critères cités précédemment :

• 1 600 chambres avec des tarifs de 100 euros pour 50 % d’entre elles et 250 euros pour les autres 50 %,

• 520 locations dont 50 % à 150 euros la nuit et 50 % à 350 euros la nuit

les chiffres d’affaires réalisés sont respectivement de 280 000 et 130 000 euros par nuit, soit 175 euros par nuit et par chambre d’hôtel et 250 euros par nuit et par location saisonnière.

Aujourd’hui pratiquer la location saisonnière rapporte plus à une personne qu’exploiter un hôtel. Et c’est sans compter toutes les charges et entretien qu’une location offre en moins qu’un hôtel.

Or, un grand nombre de ces locations ne sont pas déclarées et non contrôlées, donc les recettes de la taxe de séjour ne sont pas perçues. Il en est de même pour les revenus des propriétaires.

* Source : Iedom

(Soualigapost.com)

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