Social : La Semsamar répond à Emmanuel Macron (suite)

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La Semsamar a souhaité réagir aux propos tenus à son encontre par le Président de la République, quant à son mode de fonctionnement et de ses activités. 

Le président s’est ému de l’état des logements qu’il a vu et considère qu’il faut donc « accélérer les travaux et répondre aux besoins de la population ».

Réparties sur 19 résidences implantées sur l’ensemble du territoire de Saint-Martin, le parc de logement social de la SEMSAMAR a été un de ceux qui a le mieux résisté à l’ouragan Irma.

A la date du 31 août 2018, la SEMSAMAR a déjà signé 675 marchés publics pour un montant global de 32,4 millions d’euros dans le cadre de ses opérations de réhabilitation améliorée.  Ces marchés ont été régulièrement attribués à travers des commissions d’appel d’offre auxquels participent les élus de la Collectivité de Saint-Martin.

La réhabilitation améliorée, décidée par la SEMSAMAR, prévoit non seulement d’effectuer le renouvellement intégral des composants dégradés et détruits mais également d’améliorer et mettre à niveau tous les composants impactés (et pas seulement dégradés). Le surcoût de la réhabilitation améliorée est de 12,1 M€.

La réhabilitation engagée par la SEMSAMAR se poursuit à un rythme normal pour une opération de cette envergure mais elle aurait pu être accélérée sans les freins suivants :

– Promesse présidentielle non tenue : les travaux n’ont pu démarrer qu’en juin 2018, en grande partie à cause des procédures d’appels d’offres trop lourdes, malgré les promesses du Président de la République, pour faire face à l’urgence de la situation de certains locataires et à la préparation de la saison cyclonique.

– Mobilisation de l’Etat insuffisante : malgré plusieurs présentations des dossiers techniques et financiers des travaux à mener, des alertes données sur les conditions de réalisation de cette réhabilitation, des propositions de financement émises (fonds d’urgence au logement, défiscalisation), la SEMSAMAR est toujours en attente d’une mobilisation concrète des services de l’Etat.

– Effectifs insuffisants, en nombre, mais également en qualification, notamment en matière d’encadrement. L’hébergement des personnels venus de l’extérieur est difficile.

– Fourniture de matériaux insuffisante. Le besoin est énorme et les fournisseurs ont des difficultés à répondre à la demande en quantité et en délai, y compris à partir de la Guadeloupe.

– Difficulté d’approvisionnement. Le transport par voie maritime arrive à sa limite en terme de quantité ainsi qu’en terme de capacité de dépotage et de transport. La SEMSAMAR est en relation avec l’Établissement Portuaire de Saint-Martin pour mettre en place les pistes d’amélioration.

– Entretien et maintenance du matériel. Les matériels sont extrêmement sollicités et leur disponibilité devient problématique.

Le Président a demandé à tous les bailleurs de réaliser les travaux d’ici le 31 décembre, ce qui est conforme à la planification de la phase 1 des travaux  organisés par la SEMSAMAR qui concerne les couvertures et menuiseries extérieures des logements.

Il faut préciser que cette réhabilitation dépend de nombreuses contraintes, extérieures à la seule volonté de la SEMSAMAR. En effet, les travaux se déroulent en site occupé.

Prise en charge des loyers

S’agissant des loyers perçus par la SEMSAMAR, les conseillers du Président auraient pu lui rappeler que la loi énonce que tant qu’un locataire n’a pas résilié son bail, il est tenu de payer son loyer à son bailleur ; et qu’aucun assouplissement n’a été prévu sur ce point pour régler la situation de Saint-Martin. Dès lors, la SEMSAMAR a pris des dispositions.

Au mois de septembre 2017, la SEMSAMAR a pris en charge, à son compte,  les loyers de ses locataires à Saint-Martin. Aucun locataire n’a payé de loyer. A partir d’octobre 2017, cette prise en charge  des loyers a été adaptée en fonction du degré d’inhabitabilité des logements. En effet, consciente des difficultés rencontrées par certains locataires, la SEMSAMAR a procédé à une analyse personnalisée des difficultés rencontrées par les locataires. Un dispositif d’accompagnement a été mis en place  à leur attention dans cette période particulièrement difficile. Cette prise en charge va jusqu’à  40 % de baisse des loyers selon les situations.

A Saint-Martin, comme ailleurs en France, les loyers sociaux sont encadrés par l’Etat. Les restes à payer par le locataire sont fonction de ses revenus et de l’aide au logement qui lui est accordé. A ce titre la SEMSAMAR  applique les textes comme tout bailleur social de France et subit comme ses collègues bailleurs sociaux en Hexagone les critiques du Président Emmanuel Macron envers la gestion du logement social.

Menace de privatisation du logement social en Outre-Mer ?

Depuis fin 2017, les bailleurs sociaux sont dans le viseur du  gouvernement qui a procédé à la baisse des aides au logement. Les bailleurs des Antilles-Guyane avaient, jusque là, semblé échapper à cette charge contre les bailleurs sociaux. Il semblerait ainsi que la SEMSAMAR soit le premier bailleur des Antilles-Guyane à subir à son tour le désamour du Président de la République.   Toutefois, la SEMSAMAR ignore le dessein véritable de l’entreprise de dénigrement des services de l’Etat ; à moins que cela ne s’inscrive dans leur stratégie de privatisation, à terme, du logement social qui viserait à s’étendre à l’Outre-Mer.

Pour un partenariat confiant avec les services de l’Etat

Or, les services de l’Etat ne peuvent ignorer que la SEMSAMAR a d’abord assumé, sans l’aide de l’Etat, la phase d’urgence immédiate en septembre 2017.

En effet, après le passage de l’ouragan Irma, la SEMSAMAR est sortie de son rôle de bailleur social pour se transformer temporairement en ONG.  Elle a organisé un pont aérien et maritime, pour porter secours à la population, et notamment ses locataires et ceux des autres bailleurs de l’île.  La SEMSAMAR a géré ensuite, sans financement de l’Etat la phase de sécurisation de ses logements pour mettre à l’abri les familles en attendant les travaux définitifs.

En outre, afin de faire participer activement les jeunes Saint-Martinois à la reconstruction de leur île, la SEMSAMAR a inclus une clause d’insertion sociale dans les marchés liés à la réhabilitation de son parc. A ce titre, 54 500 heures (Valeur : 1,3 million d’euros) ont été réservées au travail en insertion.  Cela représente un potentiel de 300 emplois à terme à recruter. 

Pour rappel, la vocation de la SEMSAMAR est :

• D’intervenir sur des missions d’intérêt général (en particulier le logement social), de développement économique et d’aménagement.

• D’être un outil opérationnel, force de proposition et d’action au service des collectivités locales des Antilles-Guyane.

La SEMSAMAR, ayant compris que le Président n’a pas été suffisamment informé de la réalité de la reconstruction dont elle a la responsabilité à Saint-Martin, est ouverte à une discussion avec le Président de la République afin d’entreprendre un partenariat confiant avec ses services.

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1 comment

  1. Fanch 4 octobre, 2018 at 12:38 Répondre

    Les occupants n’ont pas à payer le loyer d’un logement insalubre, c’est la loi ! Et ce même si le bail n’est pas résilié.
    Honte sur la SEMSAMAR.

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